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Gestion durable des déchets au Maroc : Le Programme National de Valorisation des Déchets

Gestion durable des déchets au Maroc : Le Programme National de Valorisation des Déchets

Au Maroc, la gestion des déchets constitue un défi environnemental et économique majeur. Avec une production annuelle estimée à près de 27 millions de tonnes en 2015, dont 5,9 millions de tonnes de déchets ménagers en milieu urbain, le Royaume fait face à un véritable enjeu en termes de valorisation et de recyclage. C'est dans ce contexte que le Programme National de Valorisation des Déchets (PNVD) a été lancé, visant à structurer les filières de valorisation et à réduire l'enfouissement des déchets, et assurer une gestion durable des déchets au Maroc


Une stratégie nationale ambitieuse


Au cœur du PNVD se trouve la Stratégie Nationale de Réduction et de Valorisation des Déchets (SNRVD), adoptée en 2019. Avec des objectifs chiffrés à l'horizon 2030, cette stratégie trace la feuille de route pour faire progresser le Maroc vers une économie circulaire. Parmi les principaux objectifs fixés, on peut citer : atteindre un taux de recyclage de 20% pour les déchets ménagers et assimilés, de 25% pour les déchets industriels, et valoriser 10% des déchets sous forme énergétique. Pour les déchets de construction et de démolition, l'ambition est d'en éliminer 60% dans des conditions contrôlées.


La SNRVD s'articule autour de huit axes stratégiques, couvrant le cadre législatif et réglementaire, le financement, la réduction des déchets à la source, le développement de filières de valorisation créatrices d'emplois verts, la planification territoriale, la recherche et développement, ainsi que la sensibilisation citoyenne.



Des filières en structuration


Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le PNVD œuvre à l'organisation et au développement de diverses filières de valorisation, à la fois pour les déchets dangereux et non dangereux. L'approche repose sur la responsabilité élargie des producteurs, consistant à impliquer les industriels dans la gestion de leurs produits en fin de vie.


Batteries et huiles usagées


Concernant les déchets dangereux, des avancées notables ont été réalisées dans la structuration des filières des batteries usagées, des huiles lubrifiantes usagées et des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). Pour les batteries, une convention a été signée en 2014 avec les producteurs, établissant un système de collecte, de regroupement et d'élimination encadré. De même, pour les huiles usagées, une convention a été conclue en 2015 avec les pétroliers en vue de la mise en place d'une filière de valorisation.


La filière des DEEE, quant à elle, s'organise progressivement, avec la signature d'une première convention en 2019 pour la collecte et le traitement des déchets informatiques et de télécommunication auprès des administrations publiques et des ménages.


Plastiques, papiers et pneus


Dans le domaine des déchets non dangereux, le PNVD s'attaque notamment à la problématique des déchets plastiques, en s'appuyant sur l'instrument de l'écotaxe introduite en 2013. Les recettes de cette taxe sur les emballages plastiques alimentent un fonds destiné à soutenir des projets de tri, de recyclage et de valorisation des plastiques au niveau local. Une campagne de ramassage des sacs plastiques a par ailleurs été menée en 2016, permettant de retirer près de 7000 tonnes de ces déchets de l'environnement.


Pour les papiers et cartons usagés, une convention a été conclue en 2015 avec la Fédération des Industries Forestières et des Arts Graphiques, visant à augmenter les taux de collecte et de recyclage. Concernant les pneus usés, une filière de valorisation énergétique dans les cimenteries est en cours de structuration, grâce à un partenariat noué en 2014 avec les importateurs de pneus et de véhicules.



Valorisation énergétique des déchets


Au-delà du recyclage matière, le PNVD mise également sur la valorisation énergétique des déchets, en particulier pour les déchets ménagers non recyclables. Plusieurs projets sont en développement, visant à produire des combustibles dérivés de déchets (RDF) pour alimenter les cimenteries. Le premier d'entre eux devrait voir le jour prochainement au centre d'enfouissement et de valorisation d'Oum Azza à Rabat. La valorisation du biogaz issu des décharges contrôlées est également explorée, avec des installations déjà opérationnelles à Fès, Oujda et Marrakech.


Gestion durable des déchets au Maroc : vers une économie circulaire créatrice d'emplois


Au-delà des bénéfices environnementaux, le PNVD ambitionne de faire du secteur de la valorisation des déchets un véritable levier de développement économique et social. En stimulant l'émergence de filières industrielles de recyclage et de valorisation, le programme vise la création d'emplois verts durables.


Une attention particulière est également portée à l'intégration du secteur informel, très présent dans les activités de tri et de recyclage. Un plan social est en préparation pour accompagner la professionnalisation de ces travailleurs et leur insertion dans les nouvelles filières organisées.



Défis et perspectives


Si des avancées notables ont été réalisées dans le cadre du PNVD, de nombreux défis restent à relever pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie Nationale de Réduction et de Valorisation des Déchets. Le financement pérenne des filières, la mise en place d'un cadre réglementaire adapté, le renforcement des capacités techniques et la sensibilisation des citoyens constituent autant de chantiers prioritaires.


Néanmoins, le PNVD s'inscrit résolument dans une dynamique vertueuse, en phase avec les engagements internationaux du Maroc en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique. Le Royaume ambitionne de s'inscrire dans une économie circulaire créatrice de richesses et respectueuse de l'environnement, en transformant les déchets en ressources.



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