
Le rôle des études d'impact sur l'environnement au Maroc dans la préservation des ressources en eau

Le Maroc est un pays semi-aride confronté à des défis majeurs en termes de rareté et de préservation de ses ressources en eau. Avec un stress hydrique élevé et des pénuries d'eau de plus en plus fréquentes, la gestion durable de cette ressource précieuse est devenue une priorité nationale. C'est dans ce contexte que les études d'impact sur l'environnement au Maroc (EIE) jouent un rôle crucial pour assurer la protection des ressources en eau du royaume.
Le cadre juridique des études d'impact sur l'environnement au Maroc
Au Maroc, la réalisation d'études d'impact sur l'environnement est régie par la loi 12-03 relative aux EIE, entrée en vigueur en 2003. Cette loi exige que tout projet public ou privé mentionné dans la liste annexée fasse l'objet d'une EIE préalable. L'objectif est d'évaluer les effets directs ou indirects, temporaires ou permanents, que ces projets pourraient avoir sur l'environnement à court, moyen et long terme.
Les EIE visent notamment à identifier et évaluer les impacts positifs et négatifs potentiels sur les ressources hydriques, qu'il s'agisse des eaux de surface (cours d'eau, lacs, zones humides) ou des eaux souterraines. Elles doivent proposer des mesures pour supprimer, atténuer ou compenser les effets néfastes anticipés.
Préserver la qualité et la quantité des ressources en eau
L'un des principaux enjeux des EIE au Maroc est de préserver à la fois la qualité et la quantité des ressources en eau disponibles. En effet, de nombreux projets d'aménagement, industriels ou autres, peuvent avoir des répercussions négatives sur les nappes phréatiques ou les cours d'eau s'ils ne sont pas correctement encadrés.
Du point de vue qualitatif, les EIE permettent d'anticiper les risques de pollution des eaux liés aux rejets d'effluents industriels, aux fuites de substances dangereuses, à l'érosion des sols ou encore au lessivage de produits phytosanitaires. Des mesures préventives et de traitement appropriées peuvent alors être prévues.
Concernant l'aspect quantitatif, les études d'impact évaluent la consommation en eau générée par le projet et son impact potentiel sur les prélèvements, en particulier dans les zones où l'eau est déjà une ressource rare. Elles peuvent ainsi conduire à des recommandations visant à optimiser l'utilisation de l'eau ou à recourir à des sources alternatives comme le dessalement ou la réutilisation des eaux usées.
Protéger les écosystèmes aquatiques
Au-delà de la ressource en eau elle-même, les EIE contribuent également à la préservation des écosystèmes aquatiques tels que les cours d'eau, les zones humides ou les estuaires. Ces milieux naturels riches en biodiversité jouent un rôle primordial dans le cycle de l'eau et fournissent de nombreux services écosystémiques.
En analysant les impacts environnementaux d'un projet, les EIE identifient les risques pesant sur ces écosystèmes fragiles, qu'il s'agisse de menaces de pollution, de perturbations hydrologiques, de destruction d'habitats ou d'autres facteurs. Des mesures d'atténuation et de compensation peuvent alors être proposées, comme la création de zones tampons, la restauration de berges ou la mise en place de suivis environnementaux.
Exemples concrets d'EIE liées à l'eau
De nombreux projets au Maroc ont dû se soumettre à des EIE rigoureuses en raison de leurs implications sur les ressources en eau. C'est le cas par exemple du projet "Agriculture Solidaire et Intégrée au Maroc" (ASIMA) pour le développement de l'olivier, dont l'EIE a évalué les risques sur les eaux et proposé des mesures comme la collecte des eaux usées, le nettoyage des zones de travail et la gestion rigoureuse des produits polluants.
Pour la ligne T2 du tramway de Casablanca, l'EIE a pris en compte l'hydrologie locale et identifié les risques d'inondation et de ruissellement. Des mesures ont été recommandées comme l'installation de bassins de décantation, le nettoyage régulier des engins ou encore l'étanchéification des aires de stockage.
Dans le cas de la station de dessalement des eaux de mer à Jorf Lasfar, l'accent a été mis sur la gestion des effluents et des déchets, avec notamment un plan d'urgence anti-pollution, un contrôle de l'étanchéité des rétentions et le recyclage des eaux usées.
L'exploitation minière représente aussi un risque majeur pour les ressources aquatiques. L'étude concernant l'Oued Moulouya a identifié une présence notable de métaux lourds dans la zone située en aval des mines abandonnées, ce qui pose un défi pour l'écosystème, bien que le barrage Hassan II joue un rôle de modération. Par ailleurs, les recherches menées sur les sites miniers d'Aouli, Mibladen et Zeiida ont révélé une étendue de terrains affectés par la contamination due au plomb, au zinc, et à d'autres métaux, mettant en avant l'importance d'adopter des actions de remédiation.
Défis et perspectives
Au Maroc, confronté à une pression hydrique croissante due à sa situation semi-aride, les études d'impact environnemental (EIE) s'avèrent cruciales pour la préservation des ressources en eau. Ces études, exigées pour les projets susceptibles d'affecter l'environnement, évaluent les impacts potentiels sur les écosystèmes aquatiques et la disponibilité des ressources hydriques, visant à prévenir la pollution et à promouvoir une utilisation rationnelle de l'eau. Elles sont essentielles pour maintenir la qualité et la quantité de l'eau, intégrant des mesures pour atténuer ou compenser les effets néfastes des activités de développement.
Face aux défis du changement climatique, l'amélioration de la méthodologie des EIE et la participation des différents acteurs sont indispensables pour une gestion durable de l'eau. L'approche doit être prospective, prenant en compte les variations hydrologiques futures et favorisant l'adaptation. Ces études jouent ainsi un rôle pivot dans la stratégie nationale de préservation de l'eau, assurant que le développement économique du Maroc se réalise de manière responsable et durable, avec une attention particulière portée à la protection des ressources hydriques pour les générations actuelles et futures.